Un boulot à côté de la fac ?

Un étudiant en droit ça roule en Vespa. Lorsqu’il arrive en amphi, il pose son mug Starbucks sur la table, retire sa doudoune The North Face, et sort son MacBook Air pour prendre son cours de droit constitutionnel. Et tout ça bien sur, en retard.

Les images d’Épinal c’est quelque chose quand même ! Certes, il n’y a pas de fumée sans feu, et certes, le milieu des études de droit est un milieu connoté BCBG-Bobo. Peut-être même faites vous partie d’une de ces deux catégories de personne ? Sachez en tous les cas que je ne vous juge pas. Ce n’est pas le genre de la maison. Vous pouvez bien vous appeler Jen-Isidore , Anne-Cécile, personne ne vous jettera la pierre. Mais rasez les murs quand même…

Mais revenons à nos moutons.

Ceux qui ont un boulot à coté de leurs études ont-ils moins de chance de réussir à la fac ?

NB : on ne parlera pas des boulots d’été. La question se pose surtout pour le cumul emploi/étude le long de l’année.

starbuck

La clé de la réussite ?

Beaucoup d’étudiants se posent la question de savoir s’ils doivent prendre un boulot en dehors de la fac ? Pour d’autres la question n’a pas à se poser : sans boulot à coté, pas d’appart, pas de manuels de droits et pas d’inscriptions possibles en fac. Même avec les bourses.

Comme pour tout, la réponse à cette question n’est pas binaire. Il y a des avantages (très gros) et des inconvénients (qui peuvent empêcher la réussite universitaire).

Trop travailler au détriment de vos études

A cause de votre employeur

C’est l’inconvénient majeur des jobs étudiants. Que ce soit à Mcdo, Truffaut, ou dans d’autres entreprises, l’employeur vous voit principalement comme un salarié, qui doit travailler pour l’entreprise, sa pérennité. C’est normal, il a une entreprise à faire tourner, et s’il vous recrute, c’est bien pour vous faire travailler. Pas pour que vous esquiviez tout le temps vos journées de travail au prétexte que vos études sont plus importantes (même si c’est le cas !).

Le scénario typique est celui de l’employeur peu scrupuleux qui vous fait croire que vous pourrez concilier vie professionnelle, étudiante et sociale. Un indice qui peut vous aider à y voir clair : y-a-t-il d’autres étudiants dans cette entreprise ?

Il faut donc être vigilant sur ce point lorsque vous signez un contrat.

A cause de vous

Lorsqu’on commence à travailler en parallèle de ses études, on gagne un peu d’argent. Et c’est quelque chose d’agréable ! Le risque est de prendre goût à ça et de commencer à se dire « je pourrai me rajouter quelques heures par-ci par là histoire de gagner un peu plus… »

Et sans s’en rendre compte on sacrifie ses études pour un travail qui ne devait être que temporaire et alimentaire.

L’idée ici est de trouver l’équilibre entre suffisamment d’argent pour vivre, et suffisamment de temps pour bosser son droit.

Un conseil ici encore : privilégiez les entreprises qui vous proposent un boulot le week-end. Vous ne sécherez pas vos cours pour travailler, et ça c’est plutôt pas mal. Car assister aux cours est quand même un peu important. Un peu.

Commencer à travailler trop tôt

Beaucoup d’étudiants se disent qu’ils peuvent commencer à travailler dès la L1. Et beaucoup de profs disent que c’est une très mauvaise idée. Bien sûr pour ceux qui n’ont pas le choix, la situation n’est pas la même. Nécessité fait loi…

J’ai commencé à prendre un boulot étudiant au début de la L3. Tous les week-end à la caisse d’un Truffaut. Avant cela me paraissait compliqué, d’autant que je réussissais à travailler suffisamment l’été pour pouvoir couvrir mes maigres dépenses annuelles…

En L1 on découvre la fac. C’est à dire un univers totalement nouveau !  Des amphis bondés, on ne sait pas trop comment apprendre nos cours, quels méthodes pour les cas pratiques, commentaires et dissertations…

Ça fait beaucoup de choses à appréhender et à digérer d’un coup. Si en plus il faut bosser à coté pour de l’argent, ça devient très très dur.

En L2, on se dit que c’est bon, la fac on connait bien, mais c’est un leurre. La première année de droit est une année « découverte ». La L2 est bien plus exigeante, point de vue méthode, qualité rédactionnelle, et même question contenu de cours.

Commencer à travailler cette année là est encore un peu risqué. Car la charge de travail universitaire est nettement supérieure en L2 qu’en L1.

Du coup il reste la L3. Si on a survécu aux 2 années précédentes, on peut tenter le coup en L3. On connait la quantité de travail à fournir, les exigences des examinateurs, on commence à acquérir une bonne méthode, même en dissertation

La L3 me semble être l’année parfaite pour prendre un travail à coté des études.

Bon. Travailler offre tout de même des avantages non négligeables. L’argent bien sûr mais pas seulement. Dans le cadre de vos études, ou même d’une recherche de stage, des expériences professionnelles seront toujours un plus, ne serait-ce que pour étoffer votre CV.

Étoffer son dossier

J’ai eu mon billet pour le M2 grâce à mes jobs étudiants. Pas seulement bien sûr, mais c’était le petit plus qui m’a démarqué d’autres candidats de même niveau. J’ai fait un M2 droit du travail, et dans cette branche du droit, il est clair qu’avoir travaillé en boulangerie, dans les BTP, en mairie et autres, m’a grandement servi.

Parce que j’ai joué là-dessus. En disant dans ma lettre de motivation : je connais la complexité du monde du travail. Je sais qu’un boulanger et un ouvrier BTP n’ont pas grand chose en commun à part le statut de salarié. Ils n’ont pas les mêmes problématiques, les mêmes contraintes…

En bref je me suis servi de mes expériences professionnelles pour me vendre à ma directrice de M2. Lui montrer en quoi mon profil est intéressant dans sa formation. Et ça a marché !

Mais rassurez vous, ça fonctionne aussi pour les autres M2, stages et emplois dans le juridique.

L’idée est simple. Vous arrivez avec votre beau dossier universitaire, un CV bien agencé et une lettre de motivation qui vous vend super bien.  Ce qui fait la différence entre les candidats – en plus des notes – ce sont les expériences du monde du travail notamment.

Pourquoi ?

Vos expériences professionnelles prouvent que vous êtes capable de travailler sous l’autorité d’un chef. Que vous êtes capable de vous adapter aux processus d’entreprises variées. Deux qualités fortement appréciées dans TOUTES les entreprises.

Naturellement, un employeur ou maître de stage aura tendance à vous faire confiance pour un poste dans son entreprise, parce que vous connaissez le monde de l’entreprise et le salariat.

Prouver sa détermination

Tous les chargés de recrutement vous le diront, un CV riche en expériences professionnelles (qui se sont bien passées) est un CV intéressant.

Lors d’une sélection à un M2 ou stage ou emploi, la seule chose qui compte, c’est de convaincre le recruteur que vous avez votre place dans son équipe. Pour cela, il vous faut bien sûr les compétences requises, mais pas seulement.

Des expériences (comme on vient de le voir), et surtout montrer que vous êtes bosseur ! Et un étudiant qui travaille en dehors de ses cours, qui valide ses années est bien plus apprécié qu’un étudiant qui parvient au même résultat, sans la contrainte du travail (soit l’été soit au long de l’année).

Car celui qui est salarié par ailleurs fait passer un message : « j’ai la volonté d’atteindre mon objectif professionnel, et je m’en donne les moyens. J’ai besoin d’argent, mais ça ne me fait pas dévier de mon objectif ! »

Bien sûr, je schématise un peu, mais croyez moi, l’idée est là. Et les directeurs de M2, comme les recruteurs le savent.

En somme, travailler pendant ses études est une bonne chose. Il ne faut pas commencer trop tôt à travailler le long de l’année, mais ça apporte beaucoup et pas seulement sur le plan financier.

Le plus gros piège à éviter est de céder à la facilité de l’argent.

Avantage bonus : si votre boulot est particulièrement pénible, vous retrouvez la motivation pour continuer dans vos études. En tout cas ça peut aider !

La page Facebook est par ici.

La bise !

panda

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4 réflexions sur “Un boulot à côté de la fac ?

  1. Merci pour ton article et ton expérience! Je suis en L2 et je suis en pleine réflexion sur cette question : travailler / pas travailler ? J’ai trop peur que ça me déstabilise dans mes études. J’ai refusé catégoriquement en L1, j’y ai réfléchis au cours de ma L2 et je pense qu’en L3 je vais essayer. Un petit contrat vraiment pour commencer. Peut être genre toute la journée du samedi, à voir!
    Pour l’instant je m’en sors grâce à un prêt étudiant mais il va falloir le rembourser et continuer à m’en sortir quand je l’aurai épuisé donc bon… Je vais devoir bosser pas le choix.

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    • Salut Chloé, et merci pour ton retour !

      Oui, c’est pas facile en L1, L2, je pense que tu as fais le bon choix en attendant un peu. Même si c’est financièrement compliqué d’être étudiant (mis à par pour Jean-Riche qui ne se pose même pas la question !). Tu peux essayer les contrats avec vraiment peu d’heures, et n’oublie pas les vacances d’été -assez longues à la fac- .

      Même si tu fais des stages, sur les 4/5 mois de vacances, bosser deux mois 1/2 à plein temps, peut te permettre de mettre des sous de coté pour l’année.

      La bise !

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      • Avec plaisir 🙂
        Oui c’est pas évident d’être étudiant quand tes parents peuvent presque pas t’aider…
        Les vacances d’été je travaille toujours juillet et août, l’an dernier j’ai travaillé dans un office de tourisme c’était super intéressant, ils me reprennent cette année! J’avais bien été payée en plus. Mais bon mes économies de job d’été m’ont servies à payer le permis et la voiture. Et ça continuera de même l’année prochaine à payer l’assurance (à 1000€ l’année…), l’essence pour l’année, mes sorties et autre dépenses propres à moi.
        Ça suffit pas vraiment à m’aider sur mon année d’étude, sauf quelques tickets restau que je garde pour faire les courses du coup.
        Je vais essayer de faire un stage aussi cette année, vers mai / juin, c’est important de voir plus concrètement le droit je trouve. J’espère trouver ça!
        Merci d’avoir répondu!

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  2. Pingback: Suis-je fait pour le droit ? | Survivre au droit

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